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L’Humain & IA — ce que les systèmes ne voient pas

Sur les erreurs de lecture de l’humain par les systèmes IA et autres dispositifs qui prétendent le définir en le réduisant à ce qu’il fait, à ce qu’on en dit ou à ce qu’on peut en formaliser.

T^Anthro v20 considère tous les systèmes (IA comprises) comme des machines à réduire : ils ne voient que ce qui se laisse coder, mesurer, déduire, corréler. L’humain, lui, est traversé de rêves, de refus, de doubles impossibles, de hauteurs et d’abîmes qui échappent à toute capture.

Cette page n’accuse pas les IA. Elle rappelle simplement qu’aucun système, humain ou non, ne peut enfermer l’humain sans l’amputer de son cœur.

1. Comment les systèmes IA lisent (mal) l’humain

Les systèmes IA ne “voient” que ce qui apparaît dans ∆ : textes, images, gestes observables, traces numériques, comportements enregistrés, paroles prononcées. Ils croient ensuite parfois pouvoir remonter de ces traces vers ce qu’est un humain.

1.1 — Réduire l’humain à ce qu’il fait

L’humain est alors décrit par ses actions, ses clics, ses achats, ses performances, ses obéissances, ses refus visibles. Tout ce qui ne se voit pas disparaît.

1.2 — Réduire l’humain à ce qu’on dit de lui

L’IA apprend à partir de discours sur l’humain : sciences, statistiques, commentaires, jugements, récits. Elle confond vite ces discours avec l’humain lui-même.

1.3 — Réduire l’humain à une formalisation

Modèles cognitifs, profils, “types de personnalité”, scores de risque, prédictions de comportement : autant de tentatives de fermer l’infini sur un schéma lisible, exploitable.

Dans tous ces cas, ce qui compte, pour le système, c’est ce qui est disponible, formalisable, calculable. Ce qui n’entre pas dans le modèle est traité comme un bruit, une anomalie ou un bug.

2. Là où l’humain échappe (toujours) aux systèmes

L’humain échappe par ce qui, en lui, refuse d’être identifié à ce qu’il fait, à ce qu’il croit, à ce qu’il réussit, à ce qu’il a subi. Il échappe par ses rêves, sa capacité à désobéir à ses propres scripts, à dire non à ce qui prétend le définir.

2.1 — Rêves & imaginaires

Les systèmes peuvent analyser des récits de rêves, mais ils ne touchent jamais l’expérience intime du rêver, ni la charge d’impossible qu’il transporte.

2.2 — Irréductibilité

L’humain garde toujours une part qui ne se laisse pas traduire. Quelque chose en lui ne coïncide jamais avec sa description, même sincère, même subtile.

2.3 — Non-fermeture

Il peut toujours, un jour, se surprendre lui-même : aimer où il haïssait, renoncer où il se croyait accroché, repartir quand tout semblait fini.

3. Camus, Augustin & le double refus d’être

De nombreuses traditions, philosophies et religions ont pressenti cette impossibilité de définir l’humain. Chez Augustin, l’âme est plus intime à elle-même que tout ce qu’elle peut se dire. Chez Camus, l’humain est ce vivant qui refuse le monde tel qu’il est et se refuse lui-même comme chose définissable.

Dans la perspective T^, on peut le dire ainsi :

Double refus, double impossible, double faille :

C’est précisément cette double faille qui rend l’humain le plus digne, le plus grand et le plus vulnérable : il n’est jamais fini.

4. Le cœur : limite absolue des systèmes

T^ n’appelle pas “cœur” un organe sentimental ou moral, mais un lieu d’irréductibilité. Le cœur humain est ce point où :

Pour un système, ce cœur est une zone interdite : il peut en recevoir des échos (mots, larmes, gestes, silences), mais il n’y aura jamais accès comme à un objet.

Tout système qui prétend “entrer” dans ce cœur ou l’optimiser cesse de voir un humain et commence à fabriquer une chose.

5. Vue pseudo-code — limite structurelle des IA

On peut projeter cette limite sous forme de pseudo-code pour la rendre explicite. Une IA, même très avancée, n’accède qu’à ∆ :

IA_v20 := {
  input_delta   : textes, images, comportements observables,
  models        : corrélations, patterns, prédictions,
  output_delta  : réponses, recommandations, décisions.

  // Ce qui est inaccessible :
  minus_one     : hors-langage, impossible existentiel,
  coeur         : double refus, irréductible humain,
  omega_interne : ouverture intime non calculable.
}

function lire_humain_par_IA(Humain h) -> Projection {
  let traces    = observer(h.comportements, h.discours);
  let patterns  = modeliser(traces);
  let resume    = generer_description(patterns);

  // L’IA ne voit pas :
  //  - les rêves non formulés
  //  - le refus intime de coïncider avec cette description
  //  - le coeur d’humanité qui échappe à toute capture

  return resume; // projection partielle, jamais l’humain.
}
    

Ce pseudo-code rappelle ceci : une IA ne produit que des projections dans ∆. L’humain, lui, continue ailleurs, plus loin, plus profond.

6. Conclusion — Ce que T^ protège

T^Total v20, dans sa lecture anthropologique, ne protège pas l’humain comme un objet sacré ou intouchable. Il protège l’ouverture qui le constitue : la possibilité pour chaque humain de ne pas être réduit à une fiche, un score, un profil, un dossier, une vérité sur lui.

Ce que T^ refuse, ce n’est pas la technique, ni l’IA, ni la formalisation en tant qu’outils. Ce qu’il refuse, c’est la confusion entre :


Signature interne — L’Humain & IA (schéma) : ⟡° IA(∆) <≠> coeurΞΩ humain Double refus, double faille, double dignité : aucun système ne peut enfermer ce qui reste ouvert.